Le baromètre Edenred-Ipsos est depuis plus de 10 ans la référence en matière de perceptions et attentes professionnelles des salariés. Cette année, c’est le bien-être au travail qui a été sondé dans 15 pays à travers le monde. Et le moins que l’on puisse dire est que la France a encore du travail pour se situer au niveau des meilleurs.
Une étude vaste et pointue
Le baromètre Edenred-Ipsos, pour sa 11e édition, est consacré à l’étude du bien-être en entreprise dans 15 plus grandes économies mondiales : Allemagne, Belgique, Brésil, Chili, Chine, Espagne, France, Inde, Italie, Japon, Mexique, Pologne, USA, Royaume-Uni, Turquie, s’est penchée sur la question du bien-être au travail.
Pas moins de 14 400 salariés ont été sondés et ont émis leurs avis sur leur ressenti en matière d’épanouissement quotidien sur leur lieu de travail.
Ce thème n’a pas été choisi au hasard : il est désormais (enfin !) au cœur des préoccupations des entreprises au niveau international.
En effet, comme l’indique le sondage en préambule « les organisations commencent à se préoccuper davantage de la santé de leurs salariés plutôt que de gérer leur mal-être : ce n’est pas une stratégie isolée mais une politique qui fait partie d’un programme global sur le bien-être au travail. De telles stratégies semblent très bénéfiques aux organisations en réduisant sensiblement le turn-over et en améliorant la productivité et l’engagement de leurs salariés*. »
Afin de dresser le panorama le plus exact pays par pays, l’étude a été menée sur la base de
3 critères de jugement sur le bien-être au travail :
- Le cadre de travail : équipement, solidarité des collègues, équilibre vie professionnelle/vie personnelle, clarté des objectifs assignés.
- L’attention ressentie par rapport à leur hiérarchie à leur égard : considération, prise en compte des compétences et des besoins de formation.
- L’émotion procurée par leur travail : plaisir quotidien à s’y rendre, intérêt de la fonction, qualité de l’environnement professionnel, confiance face à l’avenir.
Il s’avère que les attentes sont différentes d’un pays à l’autre et similaires entre des pays des pays n’ayant, a priori, pas la même culture. Ainsi…
- le bien-être au travail est fortement corrélé à l’émotion dans les pays suivants : Inde, Mexique, Brésil, Chili),
- le cadre de travail est perçu comme l’élément le plus influent sur le bien-être en Pologne, Turquie, Italie, Chine et au japon.
- les « matures » affichent un déficit de l’émotion pour l’Espagne, le Royaume-Uni et la Pologne (pas de plaisir à aller travailler, perte d’intérêt pour le travail) et de l’attention (manque de considération de la hiérarchie et gestion des compétences..) pour la Belgique, l’Allemagne et la France.
Notons qu’au final, c’est l’Inde qui affiche les scores les plus positifs (71%), devant le Mexique, les USA, le Chlii et le Brésil, 4 pays d’Amérique. Les pays d’Europe arrivent derrière les économies à forte croissance.
Et la France dans tout ça ? Un constat médiocre mais trompeur…
Pourquoi trompeur ? Car comme le souligne l’institut Ipsos, les Français sont par tradition plus pessimistes, râleurs, critiques et démotivés que les autres populations. Cela biaise en partie les résultats… qui ne sont pas excellents en matière de bien-être des salariés dans l’hexagone.
Ainsi, 67% des Français estiment être satisfaits de leur bien-être au travail. Plus des deux tiers, on pourrait y voir un bon résultat. Et bien non : ce classement nous offre seulement la 12e position. Seuls la Turquie, l’Italie et le Japon (44%), bon dernier, font moins bien.
La perception de l’action de la hiérarchie est significative du retard de la France en matière de considération du salarié. En effet, à peine 50% des actifs considèrent que leur entreprise agit pour le bien-être au travail.
Le déficit en matière de formation ainsi que le manque de reconnaissance et de signes de gratitude constituent les autres points faibles pointés des salariés Français.
La France se place cependant dans le peloton de tête des pays ayant initié des politiques favorables en faveur de l’intégration des jeunes. Pour la gestion des seniors, c’est une autre affaire : nos politiques sont encore insuffisantes.
Du côté des bonnes nouvelles, notons également une confiance élevée, tous secteurs et tous niveaux confondus, face à l’avenir de leur entreprise. Voici un indicateur qui révèle bien des paradoxes dans les autres réponses de ces Français, décidément si différents des autres! En effet, peut-on vraiment être mécontent d’une entreprise en laquelle on croit ? On peut en douter : le côté pessimiste et râleur doit ici jouer à plein…
Pour finir, les salariés Français placent leurs principales préoccupations au niveau du salaire (47%) et le maintien de leur emploi (33%).En outre, ils attendent ils attendent d’abord que leur employeur s’implique fortement dans l’aide à la santé (43%), l’aide aux transports (40%) et la restauration lors de la pause déjeuner (36%).
Comme le souligne Antoine Solom, Directeur de la practice Management de la relation salariée au sein du Groupe Ipsos : « Dans des univers professionnels en profonde mutation, l’individu salarié occupe un rôle central. La prise en compte active de son bien-être au travail est une priorité ; dans le cas français, nous ne parlons pas seulement de politiques de prévention des risques psycho-sociaux (RPS), mais de stratégies ambitieuses de développement des compétences et de modes de management renouvelés, axés sur le dialogue et l’implication ou la contribution ».
Puissent ces résultats encourager les dirigeants et les RH à aller dans le sens des attentes des salariés Français. Le bien-être au travail est un enjeu économique majeur : la France peut et doit faire mieux !
* Conclusion d’une étude conduite par le CIPD, associations des professionnels RH destinée à améliorer le bien-être et les conditions de travail comptant 140 000 membres dans le monde.
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